Alors que le COVID-19 a toujours un impact sur les économies mondiales, nous devons repenser les sociétés innovantes de demain, pour naviguer dans les eaux troubles d’aujourd’hui.
Nous vivons une époque sans précédent. Partout dans le monde, certains sortent de l’enfermement, d’autres attendent d’être vaccinés, la majeure partie de l’économie mondiale a été sérieusement perturbée et la date de fin de la pandémie reste incertaine. Nous vivons au jour le jour, accrochés aux statistiques et espérant un ralentissement de la progression de la pandémie de COVID-19. De mémoire d’homme, nous n’avons jamais connu une crise d’une telle ampleur.
Depuis le début de la pandémie, les fabricants de secteurs autres que celui des équipements médicaux rivalisent d’ingéniosité pour trouver des solutions afin d’aider le secteur de la santé à répondre à cette crise sanitaire. Ils se rendent toutefois compte que l’approvisionnement en matériaux pour la fabrication de masques, de respirateurs et d’autres fournitures médicales est tout sauf simple. Certains établissements de soins de santé ont demandé la certification des matériaux et des produits finis avant de les déployer, tandis que d’autres étaient prêts à utiliser tout ce qui pouvait être produit sur place. Les connaissances et les relations ont été utilisées pour mettre en relation les bonnes personnes avec les bonnes organisations. L’ingéniosité des secteurs manufacturiers et hospitaliers a été inégalée.
La course au vaccin
Le meilleur exemple de collaboration a été la course mondiale pour un vaccin contre la COVID-19 et des thérapies antivirales lancées en mode accéléré. La collaboration entre les laboratoires et les chercheurs s’est intensifiée, les gouvernements ont ouvert leurs bourses publiques, les éditeurs de revues scientifiques ont ouvert l’accès aux articles qu’ils vendaient au prix fort peu de temps auparavant, et les organismes de réglementation ont travaillé en étroite collaboration avec les entreprises et les universités pour repenser et accélérer le processus réglementaire.
Dans l’ensemble, cette collaboration a porté ses fruits, car au moins quatre types de vaccins ont été approuvés et sont administrés dans le cadre d’un vaste effort de vaccination mondial visant à maîtriser la pandémie.
Réticence pour l’envoi de produits pharmaceutiques
Cependant, la réticence de certains pays à autoriser l’expédition d’ingrédients essentiels de produits pharmaceutiques, et une apparente précipitation à utiliser des médicaments conçus pour d’autres maladies sans preuve de leur efficacité anti-COVID-19 a privé les personnes qui dépendent de ces deux éléments.
En outre, certains pays ont payé des prix élevés pour garantir l’accès au vaccin. Pour faire face à ces deux réalités, la collaboration scientifique et politique internationale – ainsi que la concurrence – sera le lot de la recherche en pharmacologie et en médecine dans les années à venir.
Les entreprises, les universités, les intermédiaires de l’innovation, les gouvernements et les autres organisations devront composer avec des règles du jeu nationales et internationales en constante évolution. Avant longtemps, il faudra se pencher sur les structures de gouvernance de ces grandes coalitions, le partage de la propriété intellectuelle développée et la réglementation des solutions trouvées.
Triangle des Bermudes de l’innovation
Ces trois dimensions constituent ce que j’appelle le Triangle des Bermudes des écosystèmes d’innovation. Si tout le monde ne rame pas ensemble dans la même direction pour naviguer dans ces eaux troubles, ces vastes programmes de science et d’innovation sombreront.
Avec le bouleversement climatique à notre porte, nous ne devons pas commettre d’erreur cette fois-ci. La reconstruction de notre système économique ne peut se faire au petit bonheur la chance et doit inclure la lutte contre le changement climatique comme une priorité.
Mobilisation de tous
Tout le monde devra contribuer et travailler ensemble. En effet, nous avons besoin d’un équivalent mondial du type de mobilisation qui a mis le premier homme sur la Lune pour développer un système économique international durable.
Cette mobilisation nécessite une réflexion approfondie sur les modèles de collaboration, sur la gouvernance de tels ensembles d’organisations travaillant en symbiose vers un objectif commun. Des mécanismes doivent être mis en place pour que les participants et les écosystèmes (les écosystèmes d’innovation métaphoriques et les écosystèmes biologiques réels) en bénéficient.
Avec le développement rapide, l’approbation réglementaire et la production des vaccins contre la COVID-19, nous avons montré qu’une telle collaboration à grande échelle est possible. Ce sont ces exemples qu’il convient d’étudier et de transposer à plus grande échelle. Leur déploiement nécessitera des méthodes agiles et des processus innovants, tant au niveau organisationnel qu’au niveau de l’écosystème d’innovation, si nous voulons éviter certains des échecs dont nous avons été témoins au cours de cette pandémie.
Repenser nos sociétés innovantes
Les membres actuels et anciens de la GYA devraient envisager d’initier une réflexion approfondie sur les différentes manières dont la pandémie a impacté nos sociétés et nos économies. L’objectif ultime devrait être de repenser les sociétés innovantes de demain, en y intégrant nos expériences actuelles. Ensemble, nous serons en mesure de naviguer dans les eaux troubles d’aujourd’hui.
Mais avec une prévoyance, une planification et des efforts adéquats, nous pourrions tout simplement être en mesure d’éviter ces eaux troubles à l’avenir.
Catherine Beaudry
Cet article a été publié pour la première fois par la GYA.