Les fermetures d’écoles dues à la pandémie de COVID-19 ont affecté l’apprentissage dans différents pays. Une nouvelle étude fait la lumière sur ce que cette perte d’apprentissage implique dans les décennies à venir.
L’éducation est un droit humain et garantir l’accès à une éducation de qualité pour tous est le quatrième objectif de développement durable (ODD4) fixé par l’Assemblée générale des Nations unies. S’il est prouvé qu’un plus grand nombre d’enfants et de jeunes dans le monde ont accès à l’éducation, selon certains indicateurs, la qualité est en déclin si l’on considère les compétences acquises telles que la lecture, l’écriture ou le calcul.
Il est essentiel d’approfondir les recherches sur le niveau d’éducation et les compétences acquises pour voir comment les tendances récentes, telles que les fermetures d’écoles dans le cadre de la pandémie de COVID-19, affectent la main-d’œuvre. Une nouvelle étude publiée dans PLOS ONE a projeté les compétences des adultes jusqu’en 2050 tout en mesurant l’effet des fermetures d’écoles liées à la pandémie sur ces compétences.
« La projection du capital humain – en d’autres termes la valeur économique de l’expérience et des compétences d’une personne – nous donne un aperçu de l’état futur des sociétés, en particulier de la main-d’œuvre, dont les compétences sont essentielles pour les emplois contribuant à la croissance économique et aux perspectives de développement, explique Claudia Reiter, chercheuse au sein du groupe de recherche sur la cohésion sociale, la santé et le bien-être de l’IIASA et coauteure de l’étude. Cela influence également la capacité des gens à innover face aux nombreux défis à relever à l’avenir, comme le changement climatique. »
SLAMYS
L’étude utilise l’indicateur SLAMYS (Skills in Literacy Adjusted Mean Years of Schooling), qui combine les durées de scolarité avec un facteur basé sur les résultats des tests d’alphabétisation des adultes. Les chercheurs ont appliqué cette mesure à la population en âge de travailler dans 45 pays et ont examiné des intervalles de cinq ans jusqu’en 2050 selon divers scénarios démographiques, en intégrant les fermetures d’écoles COVID-19 dans les modèles.
« Notre étude fournit pour la première fois des projections du capital humain futur qui tiennent compte des dimensions quantitatives et qualitatives, avec une pertinence évidente pour les progrès vers les objectifs de développement », déclare le co-auteur Dilek Yildiz, chercheur au sein du groupe de recherche sur la migration et le développement durable de l’IIASA.
Un déficit de compétences des adultes
L’étude a montré que le fossé des compétences des adultes entre les pays du Nord et ceux du Sud continuerait probablement à exister d’ici 2050, même dans des hypothèses très optimistes. Toutefois, cet écart pourrait se creuser ou se réduire en fonction de trajectoires de développement spécifiques.
Les chercheurs ont également constaté que la perte d’apprentissage due aux fermetures d’écoles pendant la pandémie aggraverait probablement les inégalités entre les pays. Les compétences acquises par les élèves ont été particulièrement affectées dans les pays où les écoles ont été fermées pendant une période prolongée et où l’infrastructure pour un enseignement en ligne efficace fait défaut.
« L’impact de la pandémie de COVID-19 devrait effacer des gains de plusieurs décennies dans les compétences des adultes pour les cohortes touchées, à moins que des politiques visant à atténuer la perte d’apprentissage ne soient mises en œuvre immédiatement », note Anne Goujon, directrice du programme Population et sociétés justes de l’IIASA, qui est également coauteur de l’étude. « Cela pourrait sérieusement compromettre la réalisation de l’ODD4 dans de nombreux pays et nécessite donc des efforts supplémentaires par rapport à ceux déjà nécessaires pour progresser avec succès vers cet objectif.»
L’IIASA a publié cet article pour la première fois.