L’InterAcademy Partnership (IAP) et la Global Young Academy (GYA) formulent des recommandations pour atténuer les effets néfastes de la COVID-19 et saisir les occasions d’améliorer les systèmes d’enseignement supérieur dans le monde.
Le 16 mars 2020, le monde a commencé à s’éteindre pour freiner la propagation du COVID-19. Un an plus tard, les inégalités sociétales existantes ont été mises en évidence. Dans le secteur de l’enseignement supérieur, l’enseignement, l’apprentissage et la recherche ont été fortement interrompus, voire complètement arrêtés. La flexibilité et la mobilité des enseignants et des étudiants ont été réduites, et les ressources des universités ont été sévèrement limitées et restent incertaines.
Les répercussions sur les chercheurs et les enseignants en début de carrière sont particulièrement alarmantes. Outre la perte d’opportunités de recherche et de formation des étudiants, les rapports faisant état de rétractations d’offres postdoctorales et professorales, de gels d’embauche, de réductions de salaire, de pertes d’opportunités de développement professionnel et de nombreux jeunes chercheurs abandonnant la vie active menacent tous de conduire à une « génération perdue » de chercheurs si des mesures rapides ne sont pas prises.
Deux réseaux mondiaux de chercheurs, l’InterAcademy Partnership (IAP) et la Global Young Academy (GYA), ont publié Réduire l’impact de la COVID-19 sur les inégalités dans l’enseignement supérieur : appel à l’action pour la communauté internationale, communiqué qui met en lumière certains des défis les plus pressants pour l’enseignement supérieur à l’échelle mondiale, et propose des solutions pour atténuer la poursuite de l’enracinement des inégalités.
Défis
Les principaux défis de l’enseignement supérieur mis en évidence dans le communiqué sont la réduction de la flexibilité et de la mobilité, l’interruption des trajectoires de recherche et de carrière, le manque d’accès aux ressources d’apprentissage fondamentales, la complexité accrue des besoins numériques et d’apprentissage des étudiants, et la perte d’interaction humaine due à une numérisation excessive de la prestation de l’enseignement. En outre, les groupes historiquement défavorisés, notamment les femmes et les personnes ayant des responsabilités en matière de garde d’enfants, ainsi que les chercheurs en début de carrière, sont ceux dont les carrières souffrent le plus de la pandémie.
Opportunités
La crise du COVID-19 et l’expansion associée de la connectivité numérique ont également offert des opportunités tant pour l’enseignement que pour la recherche, notamment en ce qui concerne la promotion de l’éducation ouverte et de la collaboration, le renforcement de l’apprentissage et de la prestation de services éducatifs centrés sur l’étudiant, et l’amélioration des possibilités de partenariat avec des experts locaux et des organisations rassemblant des chercheurs seniors et les jeunes académies.
Solutions
L’IAP et la GYA font un ensemble de recommandations aux administrateurs d’universités, aux décideurs de l’enseignement supérieur, aux organismes de financement de la recherche, aux académies et aux universitaires.
Promouvoir l’éducation ouverte et la collaboration en matière de recherche :
- les universités devraient travailler ensemble via des réseaux nouveaux ou existants pour promouvoir la collaboration et l’échange d’idées et de logiciels libres aux niveaux régional et mondial ;
- les financeurs de l’enseignement supérieur et de la recherche devraient aider à prévenir une « génération perdue » de chercheurs en offrant des subventions de recherche, des postes, du mentorat et d’autres formes de soutien.
Développer la connectivité numérique et l’accès au matériel informatique :
- les gouvernements nationaux devraient donner la priorité à l’expansion de l’accès à Internet pour tous les étudiants et les chercheurs ;
- les organisations d’aide internationale devraient donner la priorité aux objectifs de développement durable des Nations unies en matière d’éducation pour élargir l’accès à la technologie et à l’apprentissage en ligne ;
- les universités et les gouvernements devraient donner la priorité à une éducation de qualité, centrée sur l’étudiant et guidée par une vision de la réussite à long terme des étudiants.
Intégrer l’expertise locale pertinente :
- les universités devraient revoir les systèmes d’évaluation des étudiants et des chercheurs ;
- les académies senior et les jeunes académies devraient agir de manière proactive pour conseiller les décideurs politiques sur les réformes et les investissements en matière de politique d’enseignement supérieur après la COVID-19 aux niveaux national et régional.
Citations
Anindita Bhadra, coprésidente de la GYA et professeur associé à l’Indian Institute of Science Education and Research, à Calcuta, en Inde, raconte : « En tant que biologiste comportementale, nos recherches sur les chiens en liberté sont entièrement fondées sur le terrain. Nos expériences ont dû être interrompues et des étudiants ont été bloqués dans une autre ville en raison du confinement en Inde. Depuis lors, nous n’avons toujours pas repris le travail de terrain à part entière, la recherche est dans les limbes et les étudiants perdent un temps précieux. »
« Ceux qui sont aujourd’hui au début de leur carrière seront les leaders et les innovateurs de demain dans les domaines de la santé, de la science et de la technologie. Ce sont eux qui trouveront des solutions à certains des défis les plus pressants du monde, de la crise climatique aux futures maladies infectieuses émergentes. Le monde ne peut pas se permettre de les perdre », déclare Volker ter Meulen, président de l’IAP.
« Bien que la pandémie a créé des difficulté majeurs pour les universités, en tant que professeurs, elle nous a obligés à réexaminer comment rendre nos systèmes d’enseignement et d’évaluation plus efficaces », déclare André Xuereb, membre de la GYA, professeur associé de physique à l’université de Malte, et l’un des principaux auteurs du communiqué.
« Nous devons saisir l’opportunité que nous avons maintenant de renforcer les partenariats entre les universités pour partager des matériaux et des logiciels libres, à la fois au niveau régional, et au niveau mondial, ajouté Mohamed Hassan, autre auteur principal du communiqué, mathématicien soudanais, et président de l’Académie mondiale des sciences pour l’avancement des sciences dans les pays en développement (TWAS). Les universités du monde entier, les décideurs de l’enseignement supérieur, les agences de financement de la recherche, les organismes intergouvernementaux et les universitaires eux-mêmes doivent travailler ensemble pour promouvoir l’équité dans l’enseignement supérieur. »
Cet article a été d’abord publié par The InterAcademy Partnership.